La liste des pays européens ayant légalisé l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques ne cesse de s’allonger : Luxembourg, Angleterre, République tchèque, Pologne, Portugal… Au total, 21 Etats de l’union européenne ont légiféré pour permettre aux malades d’y avoir accès, et la France pourrait les rejoindre dès 2019.

La lenteur française déjà critiquée par le passé

Jusqu’à présent, la France a trainé les pieds pour autoriser à la vente des médicaments contenant du cannabis, telles que des gélules ou des feuilles à inhaler.

Cet état de fait a poussé le comité éthique et cancer, pourtant organisme officiel, à désavouer clairement l’immobilisme des autorités dans un avis rendu publique le 26 novembre 2018 en s’appuyant notamment sur le cas d’une patiente atteinte d’un cancer et affirmant être soulagée par la consommation de cannabis, consommation pourtant condamnée.

Pour l’heure, seuls deux médicaments contenant des cannabinoïdes sont  autorisés : le Marinol (indiqué pour des douleurs neuropathiques) et le Sativex (visant à soulager les douleurs liées à la sclérose en plaques). Mais dans les faits, le premier est conditionné à une autorisation spéciale et donc très peu utilisé, et le second, bien qu’ayant obtenu son autorisation en 2014, n’est toujours pas disponible car le prix est en négociation entre les laboratoires pharmaceutiques et les autorités sanitaires…

capsule de cannabis

« L’avis positif » d’un comité d’experts

Jeudi 13 décembre 2018, un comité d’experts mandatés par l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a jugé « pertinent d’autoriser l’usage du cannabis à visée thérapeutique (…) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d’une mauvaise tolérance des thérapeutiques » existantes.

Ce premier pas devra encore être suivi de longs mois de travaux et de discussion pour établir précisément les pathologies à même d’être traitées par des médicaments au cannabis (les premières pistes évoquent les cancers, les douleurs musculaires liées à la sclérose en plaques, les soins palliatifs ou encore certaines formes d’épilepsies) mais aussi régler l’épineuse question du mode d’administration.

Le comité a d’ores et déjà exclu d’autoriser la « voie fumée » (le joint donc), en raison des risques liées à la combustion pour la santé. Restent les patchs, gélules, huiles, suppositoires, sprays… Toutes ces pistes devront faire l’objet d’études et d’avis préalables.

D’autres questions devront également obtenir réponse, comme les lieux aptes à la vente de ces médicaments, les professionnels pouvant les prescrire (généralistes ou uniquement spécialistes), les prix et le montant d’un éventuel remboursement par la sécurité sociale… Le chantier est donc loin d’être terminé.

Cinq nouvelles réunions en 2019

Pour avancer le dossier du cannabis médical et préciser les contours de son utilisation, le comité se réunira à nouveau le 30 janvier 2019, puis à nouveau quatre fois avant l’été.

Quelles que soient ses conclusions, une décision politique devra suivre afin de modifier la législation et autoriser l’usage du cannabis médical de façon plus large qu’actuellement. Tout ceci devrait prendre à nouveau du temps, et « il n’est pas sûr » que les premiers médicaments puissent être à disposition des patients avant 2020, selon le professeur Nicolas Authier, président du Comité scientifique.

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Dans un premier temps, une « expérimentation » pourrait être menée fin 2019, afin de tester concrètement les mesures préconisées par le comité d’experts avant de les élargir à l’ensemble du territoire. Reste donc à patienter et espérer que les choses aillent un peu plus vite qu’à l’accoutumée…

Sources :

  • lci.fr 
  • RFI 
  • ethique-cancer.fr
  • 20minutes.fr
  • contrepoints.org